Selon la loi LCAP (7 juillet 2016) relative à la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine, les « Sites patrimoniaux remarquables » (SPR) concernent les villes, villages ou quartiers ainsi que leurs paysages et espaces ruraux dont la conservation, la restauration, la réhabilitation ou la mise en valeur présente, au point de vue historique, architectural, archéologique, artistique ou paysager présente un intérêt public.
Les sites patrimoniaux remarquables remplacent les secteurs sauvegardés, les Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager (ZPPAUP) et les Aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP).
Sont automatiquement classés « Site patrimonial remarquable » les secteurs sauvegardés, les ZPPAUP (mais avec rétablissement des abords des monuments historiques au-delà du périmètre du SPR) et les AVAP approuvées. Il en va de même pour les AVAP en cours d’études lorsqu’elles seront approuvées.
Les ZPPAUP et AVAP peuvent être modifiées mais pas révisées si elles doivent être révisées il faut les remplacer par un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) et/ou un Plan de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine (PVAP). Les AVAP et PSMV dont les études ont été engagées avant le 7 juillet 2016, se poursuivent dans les conditions juridiques antérieures à la loi LCAP.
Les SPR sont classés ou agrandis par l’Etat après enquête publique et consultation des collectivités.
En quoi consistent les SPR exactement ?
Le SPR est un périmètre qui a le caractère de servitude d’utilité publique. Il est doté d’un outil de gestion: le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) et/ou le plan de valorisation de l’architecture et du patrimoine (PVAP) ( « super » AVAP, même si la nécessité du volet environnemental a été supprimé) mis en place avec le Ministère de la Culture (DRAC et ABF).
Ils sont dotés d’un outil de médiation et participation citoyenne.
Les PSMV et PVAP sont élaborés sur la base d’une étude qui comprend un inventaire exhaustif du patrimoine historique, urbain, architectural, archéologique, artistique et paysager, et une analyse de l’architecture par immeuble ou par groupe d’immeubles présentant des caractéristiques architecturales homogènes, y compris des éléments de décoration, des modes constructifs et des matériaux.
Les commissions
La Commission nationale de l’architecture et du patrimoine (CNPA) suit les PSMV mais aussi l’évolution des SPR dans les territoires. Celle-ci représente une fusion des commissions monuments historiques et secteurs sauvegardés. Elle est présidée par un sénateur ou un député, et y siègent personnes qualifiées, associations et fondations compétentes en matière du patrimoine.
La Commission régionale de l’architecture et du patrimoine (CRPA) suit les PVAP.
La commission régionale de l’architecture et du patrimoine est présidée par un élu membre et y siègent associations et fondations compétentes en matière du patrimoine et des personnes qualifiées.
La Commission locale des SPR (CL SPR) est mise en place et présidée par le représentant de la collectivité compétente en matière de plan local d’urbanisme et y siègent notamment des personnes qualifiées, des associations compétentes en matière du patrimoine. Elle suit les PSMV et les PVAP.
Dans une intercommunalité à plusieurs SPR il peut y avoir une ou plusieurs commissions. Le décret précise les membres de droit : le préfet, l’Abf, le président de l’EPCI et/ou le maire de la commune concernée. La commission est complétée par 3 collèges composés à parité d’élus de l’EPCI (ou de la commune si elle a la compétence PLU), de représentants d’associations, de personnes qualifiées.
La loi avait prévu que la fiscalité « Malraux » des SPR et des PVAP serait la même que celle des AVAP, et que celle des PSMV serait inchangée. Mais la loi de finances rectificative pour 2016 a modifié le dispositif notamment par le fait que seuls les PSMV approuvés sont éligibles au taux de 30 %, et que les travaux en PVAP et PSMV approuvés peuvent être éligibles sans le préalable de la déclaration d’utilité publique.
L’Etat, maître d’ouvrage, élabore conjointement avec la collectivité le PSMV et l’approuve. En intercommunalité la commune concernée est consultée pour avis. L’Etat peut déléguer sa maîtrise d’ouvrage à la collectivité compétente en matière de document d’urbanisme.
Le PVAP est élaboré par la collectivité compétente en matière de plan local d’urbanisme avec l’assistance technique et financière de l’Etat qui donne son accord avant approbation. En intercommunalité la commune concernée donne son accord sur le PVAP, et peut se voir déléguer la maîtrise d’ouvrage par l’établissement public de coopération intercommunale (EPCI). Ce dernier apporte une assistance technique et financière.
Pour les abords des monuments historiques, le périmètre de 500 m est appelé à disparaître au profit des périmètres délimités des abords établis par l’Etat après enquête publique. Les nouveaux classements ou inscriptions seront souvent dotés de ces nouveaux périmètres au sein desquels la co-visibilté ne s’applique plus. Les périmètres modifiés ou adaptés sont devenus automatiquement des périmètres délimités des abords. Ces périmètres en cours d’élaboration se poursuivent moyennant de nouvelles concertations.
Un bref historique de la loi LCAP (7 juillet 2016)
Les objectifs du gouvernement étaient de simplifier et décentraliser les procédures de protection. L’élaboration de la loi a pris plus de 3 années et près de 9 mois de discussions parlementaires. Simplifier signifiait fondre les outils propres aux ensembles urbains et paysagers dans une appellation de « cité historique » au sein de laquelle plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) et plan local d’urbanisme étaient chargés de fixer les règles de protection. Les périmètres des monuments historiques devenaient des « abords », avec la disparition progressive des périmètres de 500 m existants remplacés par des périmètres délimités.
Décentraliser signifiait confier la compétence intégrale à la collectivité compétente en matière de document d’urbanisme, l’Etat n’apportant plus qu’une assistance technique et financière pour les PSMV.
Exit donc : les secteurs sauvegardés avec leurs effets fiscaux et se les travaux liés à leur création, les AVAP et les commissions locales. La protection du patrimoine confiée au seul code de l’urbanisme pas destiné à cela, à l’intercommunalité sans que la commune y soit associée, la quasi absence de l’Etat ont généré des inquiétudes et ont fortement mobilisé plus de 250 communes à travers les actions de Sites et Cités remarquables de France.
Le Sénat a relayé ces inquiétudes et a profondément modifié le projet en reprenant aussi nombre d’amendements déposés par Sites et Cités remarquables de France.