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Retour sur l’atelier Site patrimonial remarquable et nature en ville du 10 Septembre 2020 – Angoulême
10 Nov 2020
Cette journée, organisée en partenariat avec le Ministère de la Culture et la ville d’Angoulême, était l’occasion d’interroger la place de la nature dans les PSMV des centres anciens, d’aborder la méthodologie et les outils employés, à travers les expériences de Rochefort et d’Angoulême. Cette mise en réseau d’élus, de professionnels du patrimoine, de l’environnement et de l’urbanisme constitue le premier niveau d’une réflexion globale.
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Xavier BONNEFONT
Maire d’Angoulême et Président de la CA du Grand Angoulême
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Pascal MONIER
Adjoint au Maire en charge de la politique du Climat, Transition écologique, urbanisme et soutien aux acteurs économiques locaux
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Hadija DIAF
Cheffe du bureau de la protection et de la gestion des espaces, Ministère de la Culture
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Projet de territoire de la ville d’Angoulême / Xavier BONNEFONT, Maire d’Angoulême et Président de la CA du Grand Angoulême ; Pascal MONIER Adjoint au Maire
Depuis 2014, la volonté est de végétaliser. Ce souhait émane de l’équipe municipale mais aussi des citoyens. Les grands axes de travail sont : Prévenir le changement climatique et les risques sur la biodiversité (mais compétence agglomération), s’adapter, mettre en place un plan verger (plutôt que planter des arbres), réaliser un atlas communal de la biodiversité, renaturer la ville. Le plan de renaturation de la ville d’Angoulême poursuit comme objectif d’avoir 20 poumons verts dans la ville (ville du ¼ d’heure). Un poumon vert peut être un espace de nature en cœur d’ilot, mais aussi des micro-forêts ou des cheminements, des nervures vertes… Les choix s’effectuent avec les concitoyens. Les jardins familiaux partagés font aussi l’objet de budget participatif. Par ailleurs, il est essentiel de souligner le rôle écosystémique de la nature dans le Site patrimonial remarquable. Pour « renaturer » la ville, la méthodologie suivante a été employée :
- Cartographier finement les espaces naturels de la ville d’Angoulême,
- Affecter une vocation à chaque typologie d’espaces naturels,
- Proposer un plan d’actions (notamment dans les cours d’écoles).
La ville souhaite candidater au futur appel à projet « ORT vertes ».
Le PSMV d’Angoulême / Elisabeth BLANC, Architecte urbaniste chargée d’études Atelier Blanc-Duché ; Fabien CHAZELAS, Architecte des Bâtiments de France
L’un des objectifs du PSMV est de faire du patrimoine paysager et écologique un révélateur et un vecteur d’amélioration du cadre de vie. Le diagnostic paysager a mis en évidence un subtil équilibre entre le végétal et le minéral.
CHIFFRES CLÉS
2010 |
ZPPAUP |
2016 |
PLUi ; SPR |
2019 |
PSMV |
PSMV |
80ha / 450 du SPR |
Le développement d’Angoulême a été conditionné par la topographie générale du site, par l’hydrographie et par le système défensif. Les vues panoramiques sur la ville, ont révélé l’importance de la silhouette du centre ancien d’où émergent les principaux repères et édifices emblématiques (Cathédrale Saint-Pierre, Hôtel de ville, Théâtre…) ainsi que les remparts, et la ceinture verte des contreforts du plateau.
Cette analyse révèle l’intérêt qu’il y a eu dans le PSMV, à prendre en compte une échelle large d’appréhension, pour assurer le maintien très qualitatif du site, l’équilibre entre patrimoine bâti et nature, mais également permettre des évolutions dans le respect des grandes composantes du site.
Les analyses concernant le patrimoine végétal du PSMV ont permis d’établir, entre autres, une carte répertoriant et quantifiant quartier par quartier, les différentes strates de végétation. Elle a été essentielle pour la classification des jardins et espaces végétalisés dans le document graphique du PSMV. A partir de ces données, le règlement propose des dispositions permettant de conforter et d’améliorer la végétalisation, en particulier dans les secteurs en déficit et de mettre en place les conditions permettant le développement des différentes strates végétales et de la biodiversité.
« Renaturer, reverdir, requalifier » mais aussi « former, informer, apprendre à regarder »
Afin d’appliquer ces préceptes, le plan et le règlement ont été étayés et complétés par trois Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP), en lien avec le sujet, et interagissant entre elles. Elles portent respectivement sur :
– Le patrimoine paysager et les enjeux de revitalisation de la trame verte,
– Une nouvelle offre de stationnement de proximité, sujet qui quoi que l’on pourrait penser, a une incidence directe sur la végétalisation et la nature en ville,
– L’aménagement des espaces publics.
L’OAP portant sur le patrimoine paysager et les enjeux de la valorisation de la trame verte s’appuie sur les objectifs suivants :
– Assurer la protection et le renforcement des espaces plantés,
– Favoriser la réduction des îlots de chaleur et la végétalisation des dalles et des toitures terrasses,
– Et enfin, susciter le verdissement sous toutes ses formes.
Ces objectifs sont traduits par des préconisations à différentes échelles du territoire, de l’ensemble du site à l’échelle de l’îlot, puis du jardin, et enfin de la terrasse ou de la couverture végétalisée.
Enfin, l’OAP portant sur l’aménagement des espaces publics a conduit à réfléchir à la place que peut prendre la végétation dans les espaces libres des centres historiques très denses, qui en étaient entièrement dépourvus, tout en composant avec les multiples usages de ces espaces, courants ou festifs, et également avec un nécessaire partage entre différents modes de déplacement : voitures, deux roues, transports en commun et piétons. Dans ce cadre, l’OAP sur les espaces publics préconise des types d’aménagements basés sur la typologie des rues et des places, avec pour chacun, un focus particulier sur les plantations.
En conclusion, il convient maintenant de s’engager plus avant dans une phase opérationnelle partagée, en portant un regard nouveau sur la ville historique. Dans ce but, informer, former, apprendre à regarder, doivent permettre de susciter une adhésion large de la population, très attentive à ces sujets.
Initiatives Angoumoisines / Valérie DUBOIS, Conseillère municipale d’Angoulême en charge de la nature en ville et des pratiques
Végétalisation des rues à Angoulême : « Embellissez votre rue »
L’opération permet de fleurir le bord du trottoir, la demande peut être faite par les riverains ou commerçants auprès de la collectivité. A ce jour, 105 demandes sont parvenues aux services. D’autres opérations, comme la mise en place de composteurs, le budget participatif, les comités de quartiers, la Charte Mon Coin Nature… permettent aux citoyens de renaturer la ville.
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Place du Champs de Mars
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Ancienne clinique Sainte-Marthe |
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Abords de la place du Minage |
Le PSMV de Rochefort / Thierry LESAUVAGE, 6ème Vice-président au climat, à la transition écologique, à l’aménagement du territoire et à la mobilité de la Communauté d’Agglomération Rochefort Océan et Conseiller délégué à l’urbanisme et au droit du sol à Rochefort ; Céline VIAUD, Architecte urbaniste chargée d’études Agence PAUME ; Claude FIGUREAU, Consultant expert en biodiversité et ancien directeur du Jardin des Plantes de Nantes
Rochefort est une ville nouvelle, sa construction s’est faite ex nihilo à la fin du XVIIe siècle. Historiquement il y avait juste un domaine et son jardin, devenu plus tard le jardin botanique. Sur une ville militaire comme celle-ci, il y avait à la base peu de végétation, elle est arrivée au XIXe puis au XXe siècles. Les axes du PADD du PLU concernant le végétal sont : ouvrir les espaces naturels sensibles, protéger les boisements, renaturer, préserver et recréer les continuités écologiques, trouver un équilibre entre minéral et végétal ; et le PSMV a traduit ces ambitions dans des Orientations d’Aménagement et de Programmation thématiques et sectorielles.
Le PSMV développe notamment trois OAP liées à la nature en ville : une OAP végétal et biodiversité pour orienter les projets d’aménagement et notamment sur la palette végétale des espaces publics, une OAP spécifique sur la promenade des remparts, une OAP sur la rive de Charente. La biodiversité a été intégrée dans le PSMV, en cherchant à lier les réservoirs de biodiversité ou les spots par des corridors écologiques ou sous forme de pas japonais par les cœurs d’îlot. Si l’on regarde à une échelle plus large, la configuration de la ville fait qu’il y a des barrières infranchissables pour la biodiversité (route sans passages à faune). Le principe des pas japonais s’appliquent aux cours intérieures et aux jardins privés, mais le cloisonnement des parcelles entre elles marqué par de grands murs peut être un frein si le PSMV ne prévoyait pas la possibilité de décloisonner. Ainsi, en cœur d’ilot, le PSMV prévoit des préconisations pour les clôtures (percer, abaisser…) afin de recréer des continuités entres les jardins privatifs. Ce décloisonnement passe aussi par une végétation propice à créer des liens entre les parcelles (végétation grimpante, arbre colonnaire, végétation interstitielle, etc.) ; le PSMV propose ainsi une palette végétale dans ce sens.
DATES CLÉS
2013 |
Site classé |
2005 |
ZPPAUP |
2009 |
Secteur Sauvegardé |
2020 |
Grand Site Estuaires de la Charente & Arsenal de Rochefort |
Les OAP, bien qu’inclues dans le volet réglementaire, ont ici pris un développement pédagogique pour orienter les choix de plantation autant pour l’acteur privé que pour la collectivité : un travail sur les compositions possibles (espèces) et les palettes végétales par secteur pour apporter un regard cohérent sur l’ensemble de la ville. Ce travail s’est fait en collaboration avec les services des espaces publics et des espaces verts, ce qui permet ensuite une meilleure appropriation pour les services et leur donne la possibilité d’avoir un regard global sur les projets. Les toits terrasses sont également un moyen de permettre ces continuités de biodiversité, à condition qu’elle soit plutôt traitée avec une végétation semi-extensive avec 20 cm de terre, voire pour un meilleur résultat écologique, une végétation intensive à partir de 60/80 cm de terre. Enfin, le dernier grand sujet auquel s’est attelé ce travail est le traitement des aires de stationnement, trop souvent en revêtement imperméable ; ici le PSMV préconise des surfaces en mélange terre-pierre pour conserver ou retrouver la perméabilité des sols.
Débat/
Est-ce que le coefficient de pleine terre a été traité dans le PSMV ?
Non, il n’y a pas de coefficient de pleine terre car nous avons travaillé à l’échelle de la parcelle. En revanche, le PSMV a permis d’être très exigeant sur les critères pour permettre la construction d’une piscine par exemple.
Doit-on rendre obligatoire la compétence botaniste/environnementaliste pour les AO des PSMV ?
Cela paraît contraignant de rendre obligatoire cette compétence, car cela représente un coût. Toutefois la prise en compte de l’environnement sous tous ses aspects y compris celui de la nature en ville étant non seulement un enjeu environnemental mais sociétal également, l’association de botanistes et d’environnementaliste paraît incontournable. Les futures études de PSMV et de PVAP établies par les collectivités territoriales et l’État devraient prendre en compte ces aspects en associant les compétences nécessaires. De nombreuses villes possèdent un jardin botanique et donc un botaniste ou environnementaliste au sein de leur équipe. L’association de ces services à l’élaboration de certains PSMV s’est avérée être une ressource très importante à ne pas négliger. Néanmoins, pour l’heure le traitement de la nature en ville dans les documents de gestion demande encore une acculturation de la part de certaines équipes municipales afin que la thématique « Nature en ville » soit traitée dans leur projet urbain.
Le niveau d’acceptabilité de la part des habitants
Sensibiliser et informer les habitants sur la nature en ville est un réel enjeu pour les territoires, il s’agit de faire accepter, et jusqu’à quel niveau, aux habitants que certaines espèces animales et végétales fassent partie de leur cadre de vie.
Conclusion/ Marylise ORTIZ
L’un des principaux intérêts du PSMV est qu’il permet une analyse fine, à la parcelle. Il permet aussi d’agir en complément voire au-delà des documents de planification et de rester dans une dynamique de projet avec des OAP et des préconisations (matériaux, palettes végétales, distances entre les sujets…).
La prochaine rencontre du groupe de travail « Site Patrimonial Remarquable : La nature en ville » permettra d’explorer des pistes de travail liées : à la participation citoyenne, à l’agriculture urbaine ou encore aux ilots de fraicheurs. Ces axes seront abordés à travers différents outils d’aide à la décision (indicateurs, observatoires, permis de végétaliser…). Des retours d’expériences qui permettent d’appréhender les moyens mis en œuvre par les collectivités pour s’adapter aux changements climatiques tout en offrant un cadre de vie agréable pour les habitants, actifs ou visiteurs. D’autres rendez-vous pourront avoir lieu dans différentes collectivités, dans le même format que celui proposé à Angoulême.