Compte-rendu d’atelier

Jeudi 13 juin, lors du Congrès national de Sites & Cités, Angers

Session animée par Laure COURGET

TREGUIER (Côte d’Armor) – Intervention du maire, Guirec ARHANT .  

Commune de 2500 habitants, Tréguier fait partie des sept cités fondatrices du christianisme en Bretagne. Elle abrite de nombreux bâtiments religieux devenus vacants.

Le projet de redynamisation de Tréguier est engagé depuis plus de 20 ans. A partir de 2014, la ville s’est interrogée sur les sites à enjeux qui permettraient de faire levier sur la vacance en cœur de ville. Le couvent des sœurs du Christ s’est imposé. A mi-chemin entre le quartier portuaire de la ville basse et la ville haute cléricale, à 150 m de la cathédrale, ce site abandonné de 2,5 ha, s’organisait autour d’un très vaste espace clos. Son bâti des 17e, 18e et 19e offrait une surface inoccupée de 6000 m2 et des chapelles du 19e siècle menaçant ruine.
La commune y a vu l’opportunité d’y développer un projet de reconversion plutôt que d’étendre l’urbanisation. Lannion Trégor Communauté décide d’acquérir le site puis fait le pari de l’effet d’entrainement que pourrait impulser un premier programme d’équipement culturel en cœur de ville. La population est invitée à s’exprimer sur un schéma directeur programmant le lancement d’une « ruche artistique » (médiathèque ludothèque & antenne du conservatoire auxquelles s’ajoutent les espaces dédiés aux arts du cirque du lycée Joseph Savina installés dans les chapelles). Dans le cadre d’une vaste concertation, plus de trois mille personnes se prononcent en faveur de ce projet qui intègre aussi le transfert de logements sociaux démolis par ailleurs. La population affirme aussi fermement la volonté de transformer les 1,5 ha d’espaces extérieurs du couvent en un vaste parc urbain faisant le lien entre la ville haute et la ville basse.
Pour assurer le financement des 15 millions d’euros du projet, la collectivité est accompagnée par l’Etat et la Région Bretagne. Des fonds supplémentaires sont ensuite apportés grâce au loto du patrimoine, dont la résonnance médiatique permet de rassurer l’ensemble des partenaires sur un projet atypique. Les partenaires privés manifestent désormais leur intérêt pour le site. Ils vont permettre de finaliser cette ambitieuse opération de reconversion avec plusieurs programmes de logements.

JOINVILLE (Haute-Marne) –  Intervention du maire, Bertrand OLLIVIER

La commune de Joinville compte 3000 habitants et perd 1% de sa population tous les ans depuis 40 ans. Le taux chômage y est très important et les revenus moyens faibles. Le déclin de son industrie de la fonderie ajouté à son éloignement des métropoles du Grand Est cause de gros désordres immobiliers, des abandons ou des bâtis en déshérence.

Il y a 10 ans, la ville décide de consulter l’état et lance un CLAPP (Comité Local d’Accélération des Politiques Publiques) qui permet de réunir l’ensemble des partenaires pour réfléchir à une stratégie de revitalisation. Des mesures concomitantes sont lancées : la quarantaine d’arrêtés municipaux pour une prise en charge des bâtis en état d’abandon porte ses fruits et provoque la vente des biens. Des OPAH RU et ORI viennent soutenir cette réhabilitation du parc de logement ancien pour lequel la ville consacre 10% de son budget d’investissement grâce aux aides de ravalement de façades. La mise en place du permis de louer permet de maitriser la qualité des rénovations.

Parallèlement, une partie de ces biens est préemptée par la ville afin de bloquer des pillages du patrimoine et les opérations bas de gamme de logement social. Pour réhabiliter ces biens, la ville s’appuie ensuite sur ses partenaires tels que l’office social de l’habitat de la Haute Marne.

La ville use également de son droit de préemption commercial et aide à la rénovation des commerces tandis que l’EPF Grand Est intervient notamment sur les friches industrielles.

Pour encourager le retour des habitants dans le centre ancien, la ville lance il y a 8 ans l’opération « Osez Joinville », l’organisation d’un showroom durant un week-end en lien avec les propriétaires et les agences immobilières. Trois cents personnes participent aux visites des logements qui se concrétisent par une hausse des ventes l’année suivante. Cette mission se poursuit désormais toute l’année 2024 sous forme de conciergerie prenant en main les futurs acquéreurs et leur permettant d’engager un lien privilégié avec les partenaires : l’ABF pour les aspects techniques, la ville en tant que partenaire financier.

SAINT PIERRE DE LA MARTINIQUE – Intervenant : Jean-Sébastien LUBIN : Directeur Général des Services Ville de St Pierre de la Martinique

Avant sa totale destruction par l’irruption de 1902, Saint-Pierre de la Martinique, capitale économique et culturelle de la Martinique et plus grand port de la Caraïbe, comptait 30 000 habitants. Progressivement reconstruite à partir de 1923, elle compte aujourd’hui 4500 habitants. Le défi est de donner envie de revenir à Saint Pierre. Labellisée « Ville d’art et d’histoire » en 1990, la ville mise sur son patrimoine pour développer son attractivité touristique, économique et sociale.

La stratégie de revitalisation de Saint Pierre se focalise autour de 3 pôles d’attractivité formant le « triangle d’or » : la cathédrale, le marché couvert et la maison de la Bourse devenue le siège de l’office du tourisme. Après 10 ans de travaux, la cathédrale Notre-Dame reconstruite en 1923, vient d’être inaugurée et réouverte au public. L’ancienne Maison de la Bourse, destinée à accueillir l’office de tourisme de Cap Nord Martinique, est confiée à l’agglomération qui, en échange de la dispense des loyers, engage les travaux de réhabilitation.

La convention PVD poursuit la mise en œuvre de cette politique patrimoniale et cible le marché couvert et la mairie, tous deux bâtiments historiques du 20e siècle. La mairie (1932) est réhabilitée selon un projet d’optimisation des espaces. Le marché couvert (MH), centre névralgique de la ville, est un lieu très vivant, transformé en agora abritant les activités associatives en dehors des heures de marché. Il est également réhabilité et sécurisé. La place Bertin qui relie le marché et la bourse fait l’objet d’un projet de végétalisation.

Le loto du patrimoine dont Saint-Pierre de la Martinique a été lauréat a permis de restaurer 80 façades tandis que 40 autres seront prises en charge par le mécénat.

Le projet de Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine, outil fondamental qui centralisera toutes les recherches patrimoniales, prendra place dans la villa Sainte-Anne.

Ces pôles d’attractivités ont vocation à rayonner ensuite au-delà du centre-ville de Saint-Pierre vers les petites villes limitrophes. Trois autres communes : Trinité, Sainte-Marie et le Carbet adhèrent au programme PVD et travaillent en complémentarité avec Saint-Pierre.

La ville est accompagnée techniquement et financièrement par l’Etat, par l’ABF, les fonds FEDER et les aides de la CDC de la collectivité de la Martinique.