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Retours sur : Territoires et bourgs-centres, Saint-Flour, le 30 juin 2017
13 Juil 2017
Retrouvez l’ensemble des présentations de cette journée sur l’espace adhérents
En présence du Maire de Saint-Flour, Président de Saint-Flour communauté et Vice-président de Sites & Cités remarquables de France, Monsieur Pierre JARLIER, cette journée avait pour thématique « Redynamiser les commerces des petites et moyennes villes ». Monsieur le Maire a bien insisté, tout au long de la journée, sur l’importance de cette mise en réseau pour échanger sur les bonnes pratiques de chacun et sur les expériences respectives. Ce qu’il faut surtout retenir lorsqu’on parle de redynamisation commerciale, c’est que celle-ci ne peut pas se traiter de manière isolée. Elle fait partie d’une démarche transversale de redynamisation du cœur de ville, liée aussi aux questions d’habitat, comme le montre le projet de la Ville de Saint-Flour, mais aussi de mobilités, de qualité des espaces publics, etc. Ces approches globales doivent être pensées à l’échelle des bassins de vie afin de prendre en compte les dynamiques en périphérie. Il n’empêche que chaque territoire ait ses propres spécificités sur ces questions et que les initiatives locales sont une clé essentielle dans ces projets de redynamisation.
Environ 50 personnes ont participé à cette journée, représentants les Villes de Murat, Decazeville, Pézenas, Cahors, du Puy-en-Velay, la communauté d’agglomération d’Issoire et la communauté de communes de l’Ouest rhodanien, Saint-Flour communauté, ainsi que des services de l’Etat, la DIRECCTE, le CGET, l’UDAP et des CAUE de la région.
Introduite par Raymond VAILIER, conseiller municipale délégué au Patrimoine à la Ville de La Réole, dont le Maire, Bruno Marty, préside le groupe de travail « Territoires et bourgs-centres », et par Marguerite TARISSON, adjointe au maire à la Ville de Saint-Flour en charge du cadre de vie, de l’environnement, du logement et du cadre de vie, la réunion s’est organisée autour de deux ateliers : un premier atelier autour de la lutte contre la vacance commerciale et un deuxième atelier sur la qualité architecturale et l’animation des rez-de-chaussée. La journée a aussi été rythmée par une présentation du projet de redynamisation de Saint-Flour « Saint-Flour, un centre-bourg à partager » par Emmanuelle BAUDIN, directrice générale des services à la Ville de Saint-Flour et une visite du centre ancien de Saint-Flour, notamment sur le site du projet de la future Maison de l’Habitat et du Patrimoine, sur la place d’Armes et dans la Halle aux Bleds, animée par Sandrine DAUREIL, animatrice de l’architecture et du patrimoine du Pays de Saint-Flour.
LUTTER CONTRE LA VACANCE COMMERCIALE
Cette question est centrale pour les collectivités qui se lancent dans des projets de redynamisation de leur cœur de ville. Suite aux récents rapports et études, la situation est, pour beaucoup de territoires, alarmante. Avec des taux de vacance commerciale oscillant entre 10 et 11% pour les petites et moyennes villes, il est essentiel de comprendre les causes, qui peuvent être variables selon les territoires, l’organisation spatiale des commerces et leurs natures.
C’est ce que Franck Chaigneau, expert pour la Caisse des Dépôts et Consignations sur le développement rural, a rappelé en introduction, avant d’animer les interventions d’Arnaud SEMETEYS, conseiller commerces et services à la Chambre des Commerces et de l’Industrie du Cantal et de Caroline ARNOUX, responsable du service Gestion des immeubles de l’EPF Smaf Auvergne. Ces trois interventions avaient pour objectifs de partager trois outils au service des collectivités pour redynamiser les commerces de cœur de ville et lutter contre la vacance commerciale.
En s’appuyant sur des exemples concrets de territoires, ces présentations ont permis d’aborder la question des aides financières à disposition des collectivités dans le cadre de projet de redynamisation commerciale, avec un focus sur le FISAC, aujourd’hui seul fonds d’investissements de l’Etat sur les questions commerciales. D’autres aides existent aussi, mais il est vrai que la complexité du montage de dossier FISAC pour les collectivités, ajouté au temps passer à montrer d’autres dossiers de demande d’aides apparaissent comme un véritable frein, là où les territoires ont aussi peu de moyens d’ingénierie en interne pour constituer ces dossiers. La CCI du Cantal propose ainsi un dossier unique à constituer par les chefs d’entreprise pour mobiliser les financements à la fois du FISAC, de fonds européens et des fonds des EPCI.
Les Établissements publics fonciers (EPF) locaux sont aussi des outils dont se saisissent les collectivités dans le cadre d’une restructuration urbaine de leur cœur de ville et d’acquisition foncière. Ainsi l’EPF Smaf Auvergne propose aux collectivités de l’ancienne Région Auvergne d’adhérer à leur structure. Cette adhésion leur permet de bénéficier des différents services de l’EPF : négociation foncière, acquisition gérée par l’établissement, possibilité aussi que l’EPF utilise le droit de préemption, etc. Les projets se situent généralement sur un temps long, entre 12 à 20 ans, mais cela est un véritable appui aux petites collectivités, leur permettant ainsi de se délester du poids lourd des acquisitions foncières dans le cadre de projet de redynamisation.
La dernière intervention de la matinée avait pour objectif de questionner la place et le développement du numérique dans l’offre commerciale. Le e‑commerce peut apparaître comme une véritable forme concurrente aux commerces de cœur de ville. Comment faire en sorte d’adapter les commerces à ces nouveaux usages et de faire du numérique une valeur ajoutée ?
QUALITÉ ARCHITECTURALE ET ANIMATION DES REZ-DE-CHAUSSÉE
L’atelier de l’après-midi a été consacrée plus spécifiquement aux rez-de-chaussée. Ils contribuent fortement à la qualité du cadre de vie en centre ancien, leurs vitrines sont les premiers éléments auxquels les usagers sont confrontés sur les façades d’immeubles. Penser ainsi une cohérence et une qualité de ces espaces contribue à redonner une nouvelle image au centre ancien. Les vitrines de commerces vacants étant perçus négativement, il faut réfléchir à une manière d’occuper et d’animer ces lieux avant l’installation d’un porteur de projet.
La Ville de Saint-Flour a ainsi mené une réflexion autour de la qualité des enseignes et rez-de-chaussée sur son territoire sur son site patrimonial remarquable, avec un certain nombre de prescriptions sur les devantures, les stores et les enseignes, en concertation avec l’UDAP du Cantal et le CAUE du Cantal. C’est que Julien MAJDI, du service Urbanisme de Saint-Flour communauté, Serge FOURNIAUX de l’UDAP du Cantal et Marie-Christine CHRISTIAENS, directrice du CAUE du Cantal ont présenté. Cela intervient en amont d’une réflexion pour la mise en place d’un règlement local de la publicité, document qui pourra asseoir ces prescriptions et le respect de la qualité architecturale des rez-de-chaussée.
Enfin, la journée s’est terminée par la présentation d’un projet mené sur la ville de Saint-Etienne, dans la rue de la Ville, plus vieille rue de Saint-Etienne. Ce projet réunit différentes associations, dont le Crefad Loire, association d’éducation populaire, dont deux de leurs représentants, Thomas FREMAUX et Julie CHAMPAGNE sont venus présenter la démarche appelée « Ici bientôt — Activer les rez-de-chaussée pour des rues vivantes ».
Ce projet a pour vocation de refaire vivre les rez-de-chaussée commerçants de cette rue, pour une grande partie, vacants, tout en permettant de relancer des dynamiques sur le quartier. Impulsé dans le cadre de la Biennale du Design de Saint-Etienne en 2015 avec un appel à projet « Human cities », ce projet s’est organisé autour de différentes phases : un premier temps de workshop pour co-construire une stratégie avec l’ensemble des acteurs du territoire, tant publics que professionnels ou des associations et habitants du quartier. Cette phase a aussi été l’occasion de sensibiliser sur cette question à travers différents événements conviviaux dans le quartier et à l’extérieur. Ici Bientôt s’est doté d’un local au sein de la rue qui lui permet un véritable ancrage auprès des acteurs locaux et une visibilité importante.
La deuxième phase s’est constituée pendant plusieurs semaines autour de différentes expérimentations de diverses activités au sein de cellules commerciales vides : café, boutique d’artisanat, exposition… En échange d’une mise à disposition gratuite de ces locaux par les propriétaires, ces rez-de-chaussée ont été animés pendant quelques semaines, et souvent avec succès. Un travail de sensibilisation et de participation des habitants de la rue a aussi continué avec des balades audios autour de la mémoire du quartier, l’utilisation des vitrines comme lieux d’expressions artistiques et des chantiers bénévoles pour requalifier les devantures.
Ce projet a aujourd’hui abouti sur le concept des boutiques test en archipel, en écho aux espaces test en archipel en architecture. Ce concept, qui se base sur cette notion d’expérimenter, démontre que le commerce ne se gère plus comme avant et qu’il faut l’adapter aux nouvelles pratiques et usages.
La journée s’est conclue par un mot de Raymond VAILIER et Pierre JARLIER qui ont tous deux souligné l’importance de ces journées d’échanges entre élus et techniciens engagés dans des projets de redynamisation de leur centre ancien. La mise en réseau est un véritable appui aux collectivités et l’organisation de temps d’échanges comme celui-ci permet d’enrichir la réflexion de chaque projet de Ville des expériences et bonnes pratiques des autres territoires.