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Jean-Luc MOUDENC, Maire de Toulouse et Président de Toulouse Métropole a introduit cette journée en évoquant l’évolution de la prise en compte du citoyen de ce qui fait patrimoine sur un territoire. Pendant longtemps, la reconnaissance du patrimoine émanait soit de projets prestigieux portés par les institutions sans les habitants, soit par des mobilisations et des luttes citoyennes pour la préservation d’un patrimoine menacé. Aujourd’hui, les collectivités avancent avec une approche plus constructive et productive. Le patrimoine n’appartient pas uniquement à quelques sachants. Nous assistons à l’émergence d’un véritable esprit citoyen autour de la question patrimoniale. C’est un véritable atout pour les projets de demain, qui doivent être nourris de cette volonté populaire.
Toulouse Métropole et la Ville de Toulouse mènent aujourd’hui une réflexion sur l’Ile du Ramier, en cœur de ville, classée en Zone nationale d’intérêt écologique, floristique et faunistique mais qui abrite aujourd’hui un centre des congrès, très peu intégré dans cet ensemble d’un patrimoine naturel exceptionnel. Le projet a pour objectif de déplacé ce centre d’affaires vers l’extérieur de la ville pour redonner à cette île toute la qualité de son patrimoine naturel à travers un parc urbain, véritable poumon vert en centre-ville. La concertation menée avec les habitants sur ce projet a été exemplaire et a ainsi montré l’attachement qu’avaient les citoyens à leur patrimoine et comment collectivités et habitants pouvaient travailler ensemble pour valoriser leur patrimoine.
Michel SIMON, 1er Adjoint à la Ville de Cahors et président du groupe de travail « Quartiers anciens, quartiers durables » de Sites & Cités remarquables de France, a ensuite complété les propos du maire en partageant sa vision et l’expérience de Cahors. La Ville mène depuis quelques années une politique volontariste pour son centre ancien et la participation citoyenne est au cœur du projet urbain, notamment avec une gestion et des discussions quotidiennes avec le conseil citoyen sur l’ensemble des projets. Dans le cadre du projet européen SUDOE, autour de la transition énergétique du bâti ancien, un Fablab va être créé en plein cœur du centre ancien. Il a pour vocation d’accueillir différents usages, afin d’à la fois être un démonstrateur d’opérations de réhabilitation de qualité mais aussi pour devenir un lieu dynamique du cœur de ville.
Par la suite, les différentes interventions de la journée ont permis d’évoquer les nouveaux usages du vivre-ensemble en centre ancien et de la valorisation des patrimoines.
LES NOUVEAUX USAGES DU VIVRE-ENSEMBLE EN CENTRE ANCIEN : L’EXEMPLE DES TIERS-LIEUX
Les tiers-lieux sont ici définis comme les espaces de co-working, Fablab et lieux à l’initiative des usagers. A partir des témoignages de Julie ESPOSITO, directrice de La Cantine, tiers-lieu implanté dans le centre de Toulouse depuis plusieurs années, issu du réseau de La Mêlée numérique, et de Bernard BRUNET, consultant honoraire en développement local et à l’initiative d’un Fablab sur la Ville de Pamiers, les différents échanges qui ont suivi, ont permis d’amorcer une réflexion sur le rôle que peuvent avoir ces entreprises du XXIe siècle dans le développement local des territoires.
Les modes de travail ont évolué. Que ce soit avec l’ère du numérique qui favorise le télé-travail mais aussi par un développement des formes d’entreprenariat. Ces nouveaux modes entrainent un besoin plus important de contact, d’échange et de solidarité. Les travailleurs indépendants ont besoin d’espaces où ils peuvent mutualiser leurs ressources et partager des formes de créativité économique.
Les tiers-lieux sont ainsi, avant tout, des lieux de rencontre, de partage et de convivialité. Ils contribuent à une nouvelle forme de vivre-ensemble et ont donc toute leur place dans les centres anciens. Ce sont des lieux de tous les possibles, qui à la fois abritent des dynamiques économiques liées à l’emploi mais aussi des usages de la vie de tous les jours et en lien avec les quartiers dans lesquels ils s’implantent. Ils doivent être modulaires pour évoluer dans le temps.
Dans les centres anciens, notamment pour ceux qui se paupérisent, ils peuvent redonner une nouvelle fierté aux habitants. Ce sont leurs lieux d’expression, puisqu’ils en sont à l’initiative. En effet, pour que les tiers-lieux soient une réussite, il est important qu’ils soient portés par les usagers et les citoyens. Les collectivités ont ainsi un rôle de facilitation dans la création de ces espaces, par exemple en mettant à disposition du foncier.
C’est une nouvelle forme de partenariat qui se forme entre les acteurs publics et ce qu’on pourrait nommer les « acteurs communs » puisque les tiers-lieux sont des lieux de biens communs. L’ensemble de ces initiatives se développe sur les territoires depuis peu de temps. Ce sont des réflexions nouvelles pour lesquelles les acteurs de tiers-lieux installés depuis plusieurs années doivent appuyer les territoires novices.
PARTICIPATION CITOYENNE ET REDYNAMISATION DES CENTRES ANCIENS
Les démarches de participation et de concertation au service de projet de redynamisation des centres anciens ont été abordées par Gérard GASSELIN, directeur de Solidarité Villes, Camille COSTE, en service civique à la Ville de Lavelanet et Lionel RAMI, chef de projet AMI Centre-Bourg sur la Ville de Lauzerte. Ces trois présentations ont été l’occasion de montrer que lorsqu’il s’agit de participation, il est impossible d’appliquer des outils et méthode « copier-coller » d’un territoire à l’autre. Chaque site a ses spécificités qu’il faut prendre en compte lors de la mise en place de ces démarches participatives.
Qui plus est, ces démarches apparaissent de plus en plus essentielles dans la fabrique des territoires, notamment dans des projets de redynamisation des centres anciens. Si l’on souhaite que les habitants se réapproprient ces quartiers, ils doivent être associés dès la réflexion et la construction du projet. C’est ce que les exemples de la Ville de Lavelanet et de Lauzerte ont démontré. Ces deux centres-bourgs, dans le cadre de leur projet de redynamisation, ont mené des démarches de réflexion avec les habitants. Autour d’ateliers de concertation thématisés, d’échanges et de workshop avec des étudiants, mais aussi avec l’intervention d’associations, comme à Lavelanet avec « Caméra au poing » qui a réalisé avec les habitants des petits films sur leur centre-bourg, ou encore d’actions de réappropriation des espaces publics, avec la mise en place de repas de quartier, de jardinières partagées ou de boîte à troc, ces retours d’expériences ont montré qu’on pouvait enclencher de véritables démarches de co-construction de projet avec les habitants, sans y mettre beaucoup de moyens. Cela est une réussite car les habitants changent ainsi petit à petit leur regard sur le centre-bourg et ont envie de plus s’investir pour la vie de leur quartier. Les élus y gagnent aussi en adaptant leur projet sur mesure par rapport aux réels besoins des usagers.
L’USAGE DU NUMÉRIQUE DANS LA PARTICIPATION ET L’APPROPRIATION DES HABITANTS DE LEURS PATRIMOINES
Mathieu MARSAN, chargé de mission à Sites & Cités remarquables de France, a, dans un premier temps, présenté le guide « Valorisation numérique des patrimoines », réalisé par Sites & Cités remarquables de France en partenariat avec la DRAC Nouvelle Aquitaine et la Caisse des Dépôts et Consignations, qui recueille un certain nombre d’initiatives autour de ces nouveaux usages du numérique dans les domaines de valorisation et médiation des patrimoines. Il a aussi présenté le dispositif d’Oh Ah Check, qui évolue à partir de septembre prochain pour devenir l’application de « Sites & Cités, l’appli » pour un développement du dispositif.
Jérémy FRETIN, chargé de développement à Commeon, a présenté le dispositif que leur structure met en place. Sous la forme d’une plateforme de financement participatif, ils ont pour objectif de permettre à des acteurs publics ou privés de récolter des fonds pour financer des projets liés à la culture et aux patrimoines. Ils ont ainsi déjà œuvré avec le Musée de la Révolution française pour acquérir la première peinture représentant la République mais aussi avec l’église de Saint-Germain-des-Près pour restaurer la voûte étoilée de l’édifice.
La Ville de Toulouse a, par la suite, présenté deux de ses dispositifs numériques autour de son patrimoine. Catherine BERNARD, , a présenté le dispositif d’Urban-Hist. Ce site internet, ouvert au grand public à partir de septembre prochain, permettra à tout usager, tant sur son ordinateur, que sa tablette ou smartphone, de découvrir autour de lui tout le patrimoine toulousain, recensé par le service de l’Inventaire. Avec un système de géolocalisation, tout en se promenant, il pourra découvrir les points remarquables recensés dans la base donnée et une fiche expliquant les éléments essentiels de ce patrimoine. Des parcours thématisés ou des onglets par thématiques seront aussi proposés. L’application permettra aussi de recenser tous les services publics (transports, toilettes publiques…) à disposition de l’usager.
Marie BONNABEL, du Couvent des Jacobins à la Ville de Toulouse, a présenté le nouveau parcours ludique sur tablette mis en place pour les familles au sein du Couvent des Jacobins. A travers un jeu de piste au sein du monument, il permet aux enfants de découvrir toute l’histoire et le patrimoine du lieu.
La journée a été conclue par Annette LAIGNEAU, Maire-Adjointe à la Ville de Toulouse en charge de la coordination des politiques d’urbanisme et d’aménagement, de la mise en valeur du patrimoine toulousain et de la procédure de classement du centre-ville de Toulouse au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui a rappelé le rôle essentiel qu’avaient les citoyens dans les projets sur les cœurs de ville et la reconnaissance de leurs patrimoines.