Compte-rendu d’atelier
Jeudi 13 juin, lors du Congrès national de Sites & Cités, Angers
Lors de cet atelier, des solutions concrètes ont été soulevées pour une généralisation des pratiques adaptées de réhabilitation énergétique performante du bâti « ancien » (édifié selon des systèmes constructifs traditionnels-terre, bois, pierres, chaux etc.), enjeu majeur pour les centres historiques et patrimoniaux face aux impératifs climatiques. Les cas opérationnels et outils méthodologiques présentés ont pu faire remonter les axes d’améliorations suivants :
- Un nécessaire portage des collectivités locales (études, incitations…) sur ce sujet ;
- Une réglementation prenant davantage en compte les particularités du patrimoine bâti, (moyens fiscaux et financiers, DPE…) ;
- Un renforcement et une diffusion des formations, connaissances, méthodes, échanges à destination des acteurs de la réhabilitation du bâti ancien (collectivités et réseaux d’entreprises spécialisés) pour une montée en compétence globale.
Synthèse des interventions
Sophie METADIER, maire de Beaulieu-Lès-Loches, vice-présidente de Sites & Cités et présidente de l’atelier, a tout d’abord rappelé les enjeux de la connaissance des spécificités du bâti ancien et de ses outils pour réaliser sa restauration « responsable ». La reconquête nécessaire du logement en centre ancien doit être perçu comme une réponse qualitative à la massification et à la ZAN.
Sabine DREXLER, sénatrice et Membre de la Commission de la Culture, de l’éducation et de la communication a ensuite alerté sur l’accélération des mauvaises pratiques sur le bâti ancien causés par des travaux et législations inadaptés. Face à ce constat, des recommandations et moyens d’actions ont été formulés :
- Mieux adapter les prescriptions aux typologies du bâti en adaptant le DPE pour se prémunir contre les rénovations inadaptées
- Former les intervenants, diagnostiqueurs, accompagnateurs Rénov’, bureaux d’études, maîtres d’œuvre et artisans aux spécificités du bâti ancien
- Réorienter la formation des architectes
- Identifier le bâti à préserver dans les documents d’urbanisme
- Approfondir les connaissances du bâti ancien
- Soutenir les réhabilitations respectueuses du bâti ancien
- Réorienter les aides financières et fiscales
- Renforcer la coopération interministérielle
Elodie HÉBERLÉ, responsable d’études « énergie et environnement » au Cerema Est et responsable technique du CREBA a pu faire le point sur les forces et faiblesses du bâti ancien, sur ses enjeux et outils pour sa restauration. Parmi ces outils, le site CREBA, les MOOC Concevoir une réhabilitation énergétique responsable du bâti ancien et l’utilité de la STD ont été présentés.
Laurent VIEL, chef de projet Cœur de ville à Rennes métropole a présenté les objectifs de la métropole à travers une étude énergétique du bâti ancien du centre-ville de Rennes, en lien avec Territoires Publics. Florent Loussouarn, associé Pouget Consultants et responsable du Pôle rénovation, a exposé l’étude réalisée sur échantillon d’immeubles. En inversant les priorités d’évaluation des besoins de restauration et de performance énergétique le DPE devient un moyen en non une fin. Il est ainsi possible de proposer des restaurations responsables et efficaces en évitant les défauts de la version 2023 du DPE qui ne prend pas en compte les particularités du bâti ancien.
Valérie GALPIN, architecte urbaniste et responsable du service stratégies et planification au sein de la ville d’Angers a pu revenir sur l’étude thermique attachée au Site Patrimonial Remarquable de la ville. Elle a présenté les possibilités et variantes offertes grâce à cette étude pour la restauration du patrimoine bâti angevin et son inscription réglementaire dans le PSMV.
Éric LE DEVEHAT, Maître Artisan Tailleur de Pierre à Redon, Administrateur Confédéral à la CAPEB en charge du dossier Patrimoine, a enfin rappelé le rôle majeur de l’artisanat pour la restauration responsable du bâti ancien. La démarche de valorisation des savoir-faire souhaitée par la CAPEB a été illustrée par le CIP mention patrimoine, certification permettant la reconnaissance des richesses et atouts des entreprises de proximité.
Angélique SAGE, responsable technique du collectif Effinergie, est intervenue sur le label expérimental « Effinergie patrimoine » (2020-2022) dédié aux réhabilitations de bâtiments à caractères patrimoniaux visant le niveau basse consommation ancien tout en préservant leur intérêt architectural. Ce label est délivré par un jury composé d’acteurs du patrimoine (dont Sites & Cités) et de la thermique. Les enseignements de ces trois années de candidatures (leviers et points d’amélioration) ainsi que les conseils méthodologiques apportés aux maîtres d’ouvrages et maîtres d’œuvres qui ambitionnent une restauration conciliant performances environnementale, énergétique et patrimoniale ont été partagés.
Débat et échanges
D’autres pistes d’amélioration ont été mises en avant comme l’intensification des échanges en amont du chantier entre les différents acteurs mais également la valorisation des matériaux naturels et locaux, enjeu pour l’économie et les ressources de proximité.
À la suite de ces présentations, un débat et des échanges se sont engagés sur le rôle de l’Architecte des Bâtiments de France dans les projets de territoires ainsi que sur le manque criant d’ingénierie dans les petites communes pour promouvoir une réhabilitation « responsable » du bâti ancien.