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Résumé :
La déshérence économique des centres des villes petites et moyennes n’est que l’ultime marqueur d’une dérive progressive : logements vacants, perte des services publics ou de proximité, d’emplois, concentration des fonctions urbaines au profit de pôle-centres, occupation sociale et très sociale par défaut, abandon des espaces publics, des transports en communs, etc.
Seule une approche globale, portée par une volonté politique locale forte, peut avoir une chance de renverser le cours des choses.
Développer des gouvernances transversales
Les centres, par définition, concentrent la plupart des fonctions urbaines. Cependant de l’échelon national à l’échelon local la prise en charge de ces fonctions est gérée de manière trop souvent cloisonnée, voire contradictoire. Chaque échelon doit se doter d’une structure de travail transversale pour garantir une cohérence et une efficacité des actions.
Au niveau local le passage à l’intercommunalité est une chance et un risque. Comment, dans de nouveaux périmètres et encore plus dans les intercommunalités XXL, seront pris en compte les besoins de ce qui est perçu comme de petits fragments de territoires (en moyenne, les centres historiques représentent moins de 2% des territoires urbanisés). Comment, pour des structures politiques et administratives conçues et structurées pour développer de grands projets, passer du « macro » au « micro » ? La mise en œuvre de la loi NOTre mais encore plus de la loi LCAP devra être précisément regardée pour, le cas échéant, prendre sans tarder les mesures permettant la prise en compte des centres des villes petites et moyennes.
Il convient également de se doter d’outils spécifiques d’observation et de compréhension des besoins et fonctionnements des centres anciens, outils notamment statistiques, adaptés à la taille de chaque territoire.
Intervenir dans les quartiers anciens et sur le bâti ancien nécessite des connaissances particulières peu ou pas enseignées de manière généralisée. Il convient de former les acteurs publics comme privés, élus et techniciens, à ce qui singularise la gestion des centres anciens.
Développer des modes d’intervention appropriés
Les centres anciens, et en particulier les centres anciens à valeur patrimoniale, constituent le visage de la France. Les préserver, les renforcer, développer leur attractivité demande d’intervenir de manière différente que dans les tissus récents.
Dans tous les champs réglementaires qui relèvent du patrimoine, de l’urbanisme, de la santé, de la construction et de l’habitation, de la prévention des risques, de la transition énergétique et de la production de logements, les particularités des centres anciens et du bâti qui les compose doivent être prises en compte et affirmées.
Dans le champ du logement, il faut concentrer les moyens d’interventions opérationnels et financiers sur les secteurs les plus fragiles ou complexes à traiter, quand la seule intervention locale ne saurait suffire. Le choix de ces « périmètres d’intervention » doit être mené conjointement avec les services de l’Etat à l’image de la méthode utilisée pour le programme national de requalification des quartiers anciens dégradés (PNRQAD). Ces « périmètres d’interventions » justifieront la mise en œuvre de moyens (notamment fiscaux) exceptionnels.
La production de logements de qualité et la reconquête de l’habitat par les opérateurs publics, en particuliers dans les secteurs où l’initiative privée fait défaut est vitale. Mais il faut leur en donner les moyens financiers et de gestion : d’une part les acquisitions-amélioration ne peuvent être montées avec des financements de droit commun, et d’autre part les opérateurs publics hésitent à intervenir sans un nombre minimum de logements pour des raisons de gestion. Le recours aux structures associatives d’intermédiation et de gestion locative peut pallier à cette deuxième difficulté.
Concentrer mais aussi stabiliser : les conventions opérationnelles se développent sur des durées moyennes de 5 à 7 ans, mais les suites des engagements des collectivités (remise sur le marché du foncier, aménagements d’espaces et équipements publics…) dépassent ces limites. Les territoires prennent des risques financiers et opérationnels, à travers un portage foncier, et ne peuvent faire appel aux opérateurs publics mais surtout privés sur des hypothèses financières sans cesse modifiées.
Le commerce dans ces centres anciens en difficulté ne peut espérer se (re)développer sans une action sur le logement, l’espace public, l’accessibilité, le maintien ou le retour des services, et bien entendu une action en sa direction.
En premier lieu, il faut étudier (remettre en vigueur) des dispositifs de régulation de l’offre commerciale. Il faut donner aux SCoT, PLU, PSMV, les moyens d’organiser l’appareil commercial.
L’hypothèse de zones franches est de plus en plus évoquée, comme celle d’un moratoire d’implantations commerciales en périphérie. Le retard est grand, et les règles commerciales (réelles ou interprétées) sur la libre entreprise, la nature des baux commerciaux etc. sont-elles en concordance avec le temps nécessaire pour l’action publique ? Faut-il y associer des expérimentations en la matière ? comment étendre les capacités d’intervention des EPF et autres outils publics ? Il faut recenser et évaluer les expérimentations (baux partagés, boutiques éphémères, boutiques de producteurs, ma boutique à l’essai etc.). Il faut redonner des moyens et réorienter le FISAC.