Compte-rendu d’atelier

Jeudi 13 juin, lors du Congrès national de Sites & Cités, Angers

Introduction
Florence DROUY : Cheffe du bureau des villes et territoires durables MTECT

Ville de PORNIC
Intervenants: Edgard BARBE, maire-adjoint en charge de l’urbanisme, de l’aménagement du territoire et du patrimoine & Martin DANAIS : Paysagiste concepteur service patrimoine

Pornic, ancienne place forte, puis port et station balnéaire du Pays de Retz aborde la question de la nature en ville à partir du paysage au travers de l’histoire de ses jardins.  Sa particularité tient à son service patrimoine intégrant un paysagiste concepteur aux côtés d’une architecte du patrimoine, d’une animatrice du patrimoine et d’une directrice de l’aménagement et du patrimoine bâti. Ce service se donne notamment pour mission de répertorier le patrimoine arboré et paysager tel que les parcs et jardins, hérité de la station balnéaire historique.

Le PLU patrimonial a permis d’inventorier (les bosquets, boisements, arbres isolés, mares, haies…), protéger (règlement écrit, dispositions spécifiques…) renouveler, restaurer(remplacement des arbres abattus, restauration des haies, des mares..), développer(obligation de plantation d’arbres de haut jet), et conseiller (sur la palette végétale, la préservation du paysage et du couvert arboré …). La validation du périmètre SPR en septembre 2022, suivie par l’élaboration du PVAP s’appuie sur un travail fin, d’histoire du paysage, de la formation de la ville à l’histoire des jardins, depuis le Moyen-Age jusqu’au développement de la station balnéaire au 19e siècle. Des fiches sur les espaces libres y analysent la qualité paysagère, les arbres en présence, l’histoire du lieu, les trames végétales… 
La requalification des espaces publics de Pornic est également mise en œuvre dans ce cadre patrimonial : l’avenue des grandes vallées, l’accord cadre de plantation d’arbres, la place du Môle et les quais.

La ville s’implique dans la médiation, la pédagogie auprès de nombreux publics à l’occasion de différents évènements : Journées Européennes, Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins, Journées de l’Archéologie, Animations auprès des scolaires, Ateliers participatifs de plantations…

Ville de LYON
Intervenant : Philippe LAMY, Chef de projet patrimoine urbain, coordinateur urbain.

Lyon est implantée sur un site constitué de deux cours d’eau formant une presqu’île et une confluence enserrées entre deux collines. Cette topographie a engendré une ville dense, de profondeur réduite. Il existe un contraste fort entre la minéralité des quartiers centraux à très fortes densités et les grands espaces de nature proches qui les irriguent : les fleuves et les collines inconstructibles (les balmes).  La région lyonnaise devrait être particulièrement impactée par le réchauffement climatique dans les années à venir. Pour s’y préparer, la métropole et la ville ont mis en place un « plan nature » en intervenant de façon différenciée par des actions multiples et adaptées comprenant une aide à la végétalisation des espaces privés. Végétaliser l’espace public, retrouver le contact avec les cours d’eau, régénérer les grands alignements d’arbres des boulevards, restaurer les jardins classés Monuments historiques, créer de nouveaux espaces verts sur des friches, développer les « sentiers nature » sur les espaces privés des balmes participent à cette volonté de rafraichissement et d’embellissement de la Ville. Pour les places, boulevards, rues, ruelles du cœur historique, « le Vieux Lyon », une étude est lancée en réponse à une demande forte de « végétalisation du cadre de vie » et en préfiguration du futur PSMV du Vieux Lyon.

Le projet de réaménagement des quais de la rive droite du Rhône poursuit, dans cette troisième phase, la reconquête des fleuves engagée depuis une vingtaine d’années. Sur un linéaire de 2500 m (12,5 hectares), il restaure le lien de la ville avec le fleuve, effacé par la voie rapide et les stationnements qui avaient pris place sur les promenades arborées sur berges du 19e siècle. Il investit les espaces libérés pour les modes doux et de nouveaux usages, il étend les ombrages avec la plantation de 1130 arbres et la création de 31 000 m2 d’espaces végétalisés, il réintroduit une biodiversité disparue et une végétation diversifiée s’étageant, depuis la ripisylve, en partie basse, jusqu’aux plantations d’alignement reconstituées sur le boulevard, en partie haute.

Le Rhône retrouve sa fonction de poumon vert, de couloir écologique et ambitionne de devenir le grand espace public du cœur de la cité.

Ville de Bordeaux
Intervenant : Didier JEANJEAN, Maire-Adjoint en charge de la Nature en ville et des quartiers apaisés

Avec une proportion d’espaces verts par habitant nettement inférieure à la moyenne nationale (20 m2 au lieu de 50 m2), Bordeaux est une ville minérale particulièrement soumise aux îlots de chaleur urbains. Rafraichir la ville est une urgence à laquelle s’emploie l’équipe municipale qui saisit toutes les opportunités en les étudiant au cas par cas. Les placettes, les angles de rues souvent supports de stationnement anarchique, les trottoirs élargis, les rues redondantes dans le plan de circulation, mais aussi les cours d’école et les rues des écoles se végétalisent pour se transformer en squares, en jardins…

Partout où cela est possible, la place de la voiture est réduite pour un partage plus équitable de l’espace public avec les autres mobilités car la végétalisation passe d’abord par la pacification.

Par petites touches, à partir des espaces publics ordinaires, la « ville de pierre » cherche à se transformer en « ville nature », tout en respectant la charte des matériaux mise en place dans le centre ancien.

La posture de l’élu implique un travail d’échanges et d’informations constant auprès des habitants pour expliquer que les véhicules n’ont plus leur place dans les centres anciens et que de nouveaux usages communs sont possibles.