« Madame, Monsieur les élus, chers collègues,
Cher Yves Dauge, Cher Michel Bouvard, je n’oublie pas Jean Rouger, Les compagnons de la 1ere heure.
Nous fêtons les 20 ans de notre association. 20 ans ! c’est l’âge de la majorité passée.
Notre association a aujourd’hui pignon sur rue. Son succès transparait dans le nombre de ses adhérents : Nous étions une vingtaine en 2000, et nous comptons aujourd’hui 265 villes et territoires, soit 1865 communes abritant 13 millions d’habitants. Notre association a su imposer la pertinence de ses démarches tant auprès des pouvoirs publics que des diverses instances publiques ou privées dédiées aux patrimoines, à sa valorisation, à sa préservation et à l’économie touristique.
20 ans durant lesquels nous avons fait la démonstration avec nos membres que les patrimoines constituent une ressource incontournable pour redonner vitalité et attractivité à nos villes et à nos territoires. Et si l’on parle davantage de patrimoine urbain, de centres anciens à réanimer, nous revendiquons une part de la prise de conscience. Aujourd’hui partenaire de nombreux ministères, institutions, associations et collectivités territoriales, Sites & Cités participe à la réflexion et à la programmation des grandes collectivités ou ministères qui ont souhaité collaborer avec elle. Souhaitons que nous soyons de plus en plus nombreux à partager et à porter une ambition forte sur les enjeux autour des patrimoines.
Je le disais il y a quelques instants, la problématique des centres anciens est aujourd’hui mieux reconnue et comprise. Bon nombre d’entre nous se sont inquiétés à juste titre des difficultés engendrées par une métropolisation galopante qui affaiblit les villes petites et moyennes et contribue à la déstructuration de la société comme si, fondamentalement et au-delà du discours, la vraie politique de la ville était celle de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Les métropoles ont leurs propres problèmes, mais les villes moyennes et les petites villes sont aujourd’hui menacées d’un affaiblissement progressif. On y constate une vacance accrue des logements pourtant situés dans des immeubles de qualité mais peu à peu dégradés ; les commerces se sont à leur tour affaiblis, face à la prolifération des grandes surfaces et aujourd’hui du e‑commerce ; la ville, victime de la mondialisation et d’intérêts privés dont on n’imaginait pas l’ampleur et le pouvoir il y a quelques décennies.
Conséquence : les populations de quartiers affaiblis se sentent, elles aussi, oubliées.
Nous n’avons cessé de dire ces menaces sur les centres anciens. Le constat n’est pas nouveau. À partir du moment où tout le monde déclare sa compréhension du problème, la question est de savoir si pouvoir public et organismes partenaires seront à la hauteur des enjeux et ont véritablement l’ambition de construire des politiques rétablissant peu à peu des équilibres détruits. Les adhérents de Sites & Cités sont en tête du combat et chaque jour, font la démonstration qu’il n’y a pas de fatalité, même si les réussites sont diverses. « Action Cœur de Ville » en 2018, les Opérations de Revitalisation des Territoires, et bientôt le programme « Villes de demain » doivent être au service d’une politique globale de relance des centres en difficulté.
Je souhaite que notre volonté partagée avec nos partenaires, Ministère de la Cohésion des territoires, Anah, Agence Nationale de Cohésion des Territoires, et les Établissements Publics Fonciers, de revitaliser durablement nos villes et territoires affaiblis par tant d’années d’oubli, aboutissent à un renversement de tendance et que le patrimoine, qu’il soir urbain, rural, de centres-villes ou centres-bourgs, soit vu comme un atout puissant pour l’amélioration du cadre de vie, l’économie, le développement durable, la mobilité, la solidarité territoriale, et non comme une contrainte. Je souhaite évidemment que les crédits soient à la hauteur des ambitions des différents programmes. C’est ce que l’on dit souvent et frôle la banalité. Mais le Malraux ne coûte plus 30 millions par an à l’État alors qu’il est essentiel aux centres anciens, quand le Pinel et le Denormandie absorbent annuellement plus du milliard d’euros.
Nous arrivons, je l’espère, à la fin du cycle législatif qui a rebâti les problématiques autour des centres anciens. Sans doute n’aurons-nous pas de nouveau cycle législatif de sitôt. La loi relative à la liberté de la création, de l’architecture et du patrimoine (LCAP) de 2016, puis la loi ELAN, ont remodelé nos outils d’urbanisme patrimonial. Je forme au nom de Sites & Cités le vœu que les outils créés qui construisent une politique nationale, aux mains des acteurs locaux, ne soient pas remis en cause par une nouvelle législation ou règlementation qui aboutirait à autant d’interprétations qu’il existe de régions sur des sujets qui exigent une reconnaissance nationale. Nous souhaitons que les procédures de création des « Sites patrimoniaux remarquables » soient facilitées, que les révisions nécessaires soient engagées, que les aides aux espaces publics soient accrues – la ville doit devenir désirable — , que les crédits d’études nécessaires à la connaissance des quartiers anciens soient revalorisés. Je souhaite que les avantages fiscaux et les aides à la restauration soient majorés, stabilisés dans le temps et mieux ciblés vers les « quartiers prioritaires du patrimoine ».
Je salue le Ministère de la Culture présent lors de notre création en 2000 à l’Assemblée Nationale. Nous n’avons cessé d’échanger avec ses services centraux et départementaux, ces derniers représentent l’interlocuteur le plus familier de l’action municipale. Nous avons défendu ces « Unités – UDAP » à maintes reprises dans leurs prérogatives et dans le rôle indispensable des Architectes des bâtiments de France et de l’avis « conforme ». Mais je mets en garde celles et ceux qui entendent que le patrimoine de nos villes continue à les identifier sur l’affaiblissement de ces unités départementales. Je souhaite que ces acteurs qui accompagnent les collectivités au quotidien puissent continuer à exercer leurs fonctions auprès des collectivités et qu’ils soient en nombre suffisant. Je leur souhaite d’être soutenus à la hauteur de nos attentes.
Nous sommes l’Association des « sites patrimoniaux remarquables » et des « Villes et Pays d’art et d’histoire ». Label institué il y a 35 ans et qui compte aujourd’hui 265 territoires, il doit être un outil pour le développement des territoires à partir des patrimoines. Je viens de le dire. Nous voulons, nous souhaitons, le maintien de la dimension nationale du label. Et que l’on ne profite pas de projets de décentralisation pour déconstruire sa dimension nationale. Il perdrait tout son sens en perdant ce qu’il porte aujourd’hui de références reconnues quelle que soit sa situation géographique.
Notre action sur la valorisation des patrimoines suscite l’intérêt au-delà de nos frontières. Depuis l’origine, le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères est un de nos plus importants partenaires. Avec son soutien et celui du Ministère de la Culture, nous avons répondu aux multiples demandes de coopération sur les questions de restauration, d’études et d’inventaire du patrimoine architectural et urbain, sur le développement de politiques du tourisme durable et de mise en réseau des collectivités dans de nombreux pays. Dans un contexte international de plus en plus complexe et difficile, je formule le vœu que nous puissions poursuivre nos coopérations.
En matière de Développement durable, nous partageons depuis des années notre point de vue sur l’écologie urbaine et architecturale avec la Caisse des dépôts, avec qui nous avions engagé, il y a plus de dix ans, des études approfondies sur la transition énergétique pour faire des « quartiers anciens des quartiers durables ». Nous avons été pionniers. Nous le sommes restés.
Ces enjeux sont essentiels. Je souhaite que le cercle formé sur ce thème, avec le CEREMA, Maisons paysannes de France, la CAPEB, les écoles d’architecture et d’ingénieurs, l’association des architectes du patrimoine, le Ministère de la Transition écologique et solidaire, … s’élargisse encore ! Cette convergence des acteurs nourrit le succès de notre plateforme commune : le Centre de Ressources pour la Réhabilitation responsable du Bâti ancien (CREBA). Le programme « 20 projets pour 2020 » avec la Banque des Territoires, contribuera à développer une connaissance et apportera un appui aux projets de restauration dans nos villes. Je souhaite que de nombreuses villes et territoires prennent en compte cette dimension et le réchauffement climatique avec ses conséquences sur la ville. Une politique de la ville qui ignorerait le réchauffement climatique serait demain aussi incohérente qu’une politique qui ne se soucierait pas des problèmes de la mobilité. Toutes ces actions nourriront un débat sur « Environnement et Centres anciens » que je vous propose d’organiser, et qui pourrait avoir lieu dans le cadre de notre Congrès 2021.
La relation avec les Régions est essentielle. Ce sont des grands acteurs du développement économique, de l’aménagement du territoire et de l’environnement, de la formation, du tourisme et du patrimoine. L’Occitanie a ouvert la voie à de fructueuses collaborations avec nous, tant dans le secteur de la revitalisation qu’en matière d’inventaires, de promotion de l’architecture et de l’urbanisme patrimonial et du tourisme culturel et patrimonial. Avec la Normandie, nous devrions signer un accord très prochainement. Je souhaite que d’autres régions nous rejoignent concrétisant des réflexions en cours avec plusieurs d’entre elles.
Pour 50 % des visiteurs, le choix de la destination France se fait en raison d’une promesse culturelle et patrimoniale. Atout France, en mettant en œuvre notre nouvelle campagne « Remarkable France », ne s’y est pas trompé. La bannière « France, Patrimoines et Territoires d’exception » réunissant Sites & Cités remarquables de France avec la Fédération des Parcs naturels régionaux de France, Les Plus Beaux Villages de France ©, Les Plus Beaux Détours de France, les Petites Cités de Caractère © de France, le Réseau des Grands Sites de France, Ville et Métiers d’Art, nous conduira à valoriser plus de 1000 destinations qui constituent un maillage patrimonial le plus riche et le plus divers qui soit en France. Je souhaite à ces initiatives d’avoir un écho bien au-delà de nos frontières et dans bien des langues différentes et que notre projet de grande exposition sur les grilles du Jardin du Luxembourg puisse se concrétiser.
C’est aussi à ce rayonnement que nos entreprises partenaires participent. EDF, depuis des années, nous a aidé à porter des actions novatrices dans nos territoires ; plus récemment, le Groupe La Poste et aujourd’hui le Groupe Casino. Je souhaite que ces partenariats se développent, permettent des réalisations innovantes et qu’ils viennent renforcer les actions de nos membres.
Enfin, je veux souhaiter une belle année à tous nos partenaires, certains déjà cités, aux ministères qui nous accompagnent, aux associations, experts, universitaires ; aux Députés, aux Sénateurs qui nous aident régulièrement dans les batailles à mener, dans les compromis à trouver, dans la démocratie qu’il faut plus que jamais défendre par des valeurs mieux partagées et entretenues à l’instar de nos patrimoines remarquables.
Les municipales de 2020 verront la confirmation de certains de nos collègues et arriver de nouveaux responsables. C’est pour moi l’occasion de remercier celles et ceux qui ont consacré beaucoup de temps, d’énergie et de compétences à la vie de Sites & Cités remarquables.
Je souhaite tout particulièrement une Belle Année 2020 à nos élus, sur les épaules desquels pèse en dernière instance l’essentiel des politiques patrimoniales ; à tous nos partenaires, sans oublier nos collaboratrices et collaborateurs. »